C’est un numéro en transit, en mouvement, entre deux ports. Sur les mers, l’un dirige une entreprise de porte-conteneurs qui a fait fortune à la faveur de la crise du Covid-19. Le deuxième a quitté son bateau de pêche pour devenir patron multi-casquettes du secteur. Le dernier rêve de marinas et de zones franches sur un canal de Suez redevenu centre du monde. Rodolphe Saadé, Olivier Le Nézet et Abdel Fattah al-Sissi ont fait des flots leur marchepied.
À tombeau ouvert dans le Sahara, ce sont des berlines et des pick-up – tous des Toyota – qui roulent sans plaque ni papiers vers le Tchad. Volés aux milliers de Soudanais fuyant leur pays ravagé par un conflit sanglant. Nous vous proposons une plongée dans le désert, entre trafiquants et concessionnaires improvisés. Une géopolitique de la voiture pour raconter l’une des pires crises humanitaires en cours.
Entre le Mexique et le Canada, en passant par les États-Unis, les papillons monarques mettent quatre générations à migrer. Si ce n’est que la déforestation menace aujourd’hui leur immuable ballet. Les langoustines aussi sont empêchées dans leur circulation. Depuis le Brexit, elles doivent en remplir, des documents, pour arriver d’Écosse où elles sont pêchées au casier, jusqu’aux assiettes des grands restaurants parisiens... L’occasion de revoir le menu ?
Comment ne pas se questionner en ce moment ? Pour lire les recompositions politiques à l’œuvre en France, nous nous sommes penchés sur la notion d’« illibéralisme ». Le libéralisme est allé trop loin dans l’individualisme, les droits humains et la mondialisation, considèrent de nombreux mouvements d’extrême droite. La politiste française Marlène Laruelle dirige le programme d’étude sur l’illibéralisme de l’université George-Washington, aux États-Unis. Nous l’avons interrogée.
En espérant que les phares et balises positionnés tout au long de ce numéro, fabriqué avec plaisir et bonne humeur, vous aideront vous aussi à y voir plus clair.
Elsa Fayner, rédactrice en chef